L'Innocence du Père Brown

C’est en 1910 que Gilbert Keith Chesterton crée son célèbre prêtre-détective, le Père Brown. À la fois mystérieux et familier, timide et rusé comme un Sioux, souriant et impénétrable, simple et infiniment complexe, cultivant simultanément le bon sens primaire et des raisonnements aux innombrables méandres, impitoyable dans sa bonté, ce petit curé de campagne trappu, « au visage rond et aussi banal qu’une quenelle du Norfolk », ne se séparant jamais d’un immense parapluie noir qui tombe continuellement à terre et portant de multiples paquets enveloppés de papier brun, fut le héros d’une cinquantaine de nouvelles, d’abord publiées dans diverses revues, puis réunies par la suite dans cinq recueils : L’Innocence du Père Brown (1911), La Sagesse du Père Brown (1914), L’Incrédulité du Père Brown (1926), Le Secret du Père Brown (1927) et Le Scandale du Père Brown (1935).

« Le génie des enquêtes du Père Brown réside dans une pratique de la mystification subtile, drôle et pleine d’enseignement, d’un art – surtout – des combinatoires du récit mystérieux qui ont fait de Chesterton le premier grand maître, après Conan Doyle, du roman policier moderne. Les intrigues de ces histoires courtes où, à chaque fois, le Père Brown se saisit avec malice des éléments constitutifs de l’énigme et les retourne comme les doigts de gant pour nous montrer que Dieu, finalement, a toujours raison de Satan, ces intrigues-là sont admirables à la fois comme structures et comme œuvres littéraires. » (François Rivière).