Dernier tour de manège

Une petite ville entre Bourgogne et Franche-Comté. Dans un hôtel de cure désaffecté vit un couple improbable : le Cambodgien Sakun Sen, dit « le Viet » parce que, dans la région, Cambodge ou Vietnam c’est du pareil au même, et Louise Brocoin, pulpeuse beauté qui, contrairement à la rumeur, n’est pas une prostituée. Sakun a deux passions dans la vie : la musique et le mysticisme. Mais cet ancien mercenaire exerce plus prosaïquement l’activité de récupérateur de créances. En toute illégalité, bien sûr. Mais en principe sans violence.

Lorsque Louise et Sakun se rendent à la ferme d’Angeline Poirin pour lui soutirer les 5000 euros qu’elle doit encore sur une jument apaloosa, ils découvrent, horrifiés, l’animal sauvagement mutilé et éventré dans son pré. Même la queue a été tranchée et les parties génitales ont été prélevées. Angeline, elle, est toujours vivante, mais ligotée et bâillonnée sur son canapé. Elle a été agressée par un individu masqué qui ne l’a pas violée mais a prononcé ces étranges paroles : « N’aie pas peur et prépare-toi à donner la vie. »

Pour la gendarmerie de Bocagna, l’affaire est liée à d’autres agressions similaires contre des chevaux dans la région. Un dingue qui s’attaque à des « bourrins » ne va pas mobiliser les forces de l’ordre et, d’ordinaire, l’adjudant Patrick Gannori préfère rester cloîtré dans son bureau à remplir des paperasses et à écrire son roman. Mais cette fois, une femme a été bâillonnée et menacée et il entend poursuivre l’enquête.

Jean-Paul Nozière continue de creuser le sillon provincial avec ses romans situés au cœur de campagnes reculées ou dans des villes où l’activité industrielle a fait place au chômage et au désoeuvrement. Cet univers est peuplé de personnages hors normes dont la singularité, la misanthropie ou les obsessions rejoignent souvent la folie. Ainsi de Dernier tour de manège qui est un roman noir subtilement construit, assorti d’une peinture de mœurs grinçante et d’une plongée dans un monde de névroses angoissant.

Jean-Paul Nozière est connu dans le domaine de la littérature jeunesse. Au fil des années, il s’est aussi affirmé comme un auteur de roman noir. Il a déjà publié chez Rivages Le Silence des morts (Rivages/Noir 596), Je vais tuer mon papa (n°660) et l’année dernière Cocktail Molotov (n°746), qui met en scène une communauté de Roms en France.