Une rose au paradis

René Barjavel reprend ici un thème qui lui est cher, et qui a fait le succès de « Ravage » et de « La Nuit des Temps » : celui de la fin d'un monde. L'action se situe dans un futur proche, et dans le cadre familier qui est le nôtre, à peine transformé par le progrès technique. Un progrès est allé plus vite que les autres : celui de l'armement. De la Bombe A à la Bombe H, à la Bombe N (neutrons), à la Bombe B (bactériologique) et à la Bombe C (chimique), on a fini par arriver à la Bombe U (universelle) qui possède sur les autres un avantage considérable : elle est très facile à fabriquer... si bien que tout le monde la possède. Les petites nations en ont des chapelets, la Bretagne et la Corse se la sont offerte, et également la C.G.T. et même l'Archevêché... Inévitablement, un jour, c'est la déflagration universelle... Naturellement, Barjavel sauve un couple du massacre général. Et c'est l'histoire de ce couple amoureux, avant, pendant, et après le cataclysme qu'il nous raconte avec un humour constant, et avec toute la tendresse qu'il éprouve pour l'être humain, l'animal le plus vulnérable, le plus naïf et le plus maladroit de la Création. Cela nous vaut, entre autres passages savoureux, l'étonnante scène de séduction, sans un mot, d'un homme timide par une femme qui l'est moins... On n'oubliera pas de sitôt, non plus, la « grande manif » arc-en-ciel des femmes enceintes, de la Concorde à l'Étoile, les neuf mois en tête... Protégés par M. Gé, un mystérieux personnage que nous avons déjà rencontré, sous des visages divers, dans d'autres œuvres de Barjavel, les deux rescapés et leurs enfants parviendront-ils à reprendre pied à la surface de la Terre ravagée ? Un suspense constant conduit le lecteur au dénouement, à travers surprises et rebondissements, avec la rencontre imprévue de la rosé et de son parfum. « Allez au Paradis, dit une vieille chanson, la porte en est ouverte depuis hier à midi... » Mais sur quoi s'ouvre-t-elle ?